Dune World : la plongée sur épave
23/06/2021
Elles fascinent les passionnés d’histoire navale et créent des récifs artificiels où la faune abonde.
Véritable monde à part dans l’univers de la plongée, les épaves ne laissent personne indifférent !
Tout le monde se souvient de sa première épave. Pour nombre de plongeurs français, ce fut un site accessible dès le niveau 1, à l’instar du Chaouen au large de Marseille, ou du Cimentier, à proximité de Porquerolles. Curieusement, avant de se mettre à l’eau, quelques minutes après le briefing, tout le monde (ou presque) aura ressenti une drôle d’émotion, comme un léger trac à l’idée d’aller réveiller un monstre paisiblement assoupi, un sanctuaire nimbé de mystère où sommeille un passé qui rechignerait à être dérangé. Quelques coups de palmes plus bas, le paysage fascine sans démériter : façonné par l’homme, il est immédiatement familier. Là un hublot, ici une hélice, plus loin une ancre, une coursive où virevoltent les poissons mais où, jadis, les gens marchaient. Cédée à la mer, refuge d’une faune indifférente qui l’a allégrement colonisée, l’épave témoigne d’un instantané.
D’un moment où l’histoire s’est figée : le Chaouen ? En provenance du Maroc, l’équipage s’est échoué à la nuit tombée sur un haut fond de l’île de Planier. On souffle que les Marseillais se sont relayés des jours durant sur leurs barques de pêche et autres Pointus, pour venir récupérer sa cargaison d’oranges ! Ailleurs, des destinées moins cocasses, parfois tragiques, envoyèrent par le fond des centaines de bâtiments qui font aujourd’hui la joie des plongeurs.
En Egypte, le mythique Thistlegorm a été bombardé par deux avions allemands alors qu’il transportait des tonnes d’équipement militaire : motos, mitrailleuses, bottes et même locomotives.
Au Soudan, l’Umbria a été sabordé par son équipage pour éviter que sa précieuse cargaison d’armement ne tombe entre les mains de l’ennemi.
En Indonésie, l’USS Liberty, torpillé par un sous-marin japonais, s’est échoué sur l’île paradisiaque de Bali.
Le fabuleux Donator, jouxtant Porquerolles, a quant à lui été coulé par une mine. Ces sites extraordinaires se plongent, et la beauté des lieux n’occulte en rien le pincement au cœur, la nécessaire révérence qu’impose la dimension de la tragédie. C’est sans doute pour cela, notamment, que toute plongée sur épave est si fabuleuse, mais aussi si différente.
Se préparer à la plongée sur épave
Ces sites n’étant pas anodins, se préparer à l’immersion passera de façon quasi systématique par un petit volet historique et obligatoirement par un briefing lié à la sécurité. Il conviendra également de vérifier que l’on est équipé pour la circonstance, notamment en disposant d’un coupe-fil si l’on se retrouve empêtré, d’un éclairage adapté, voire doublonné. Si « toucher » n’est jamais recommandé, le port de gants permettra toutefois d’éviter de se couper sur la tôle rouillée. Le strict respect des paramètres est un impératif sur lequel ne pas déroger, a fortiori si le spot est profond et implique de longs paliers ! Un instructeur chevronné déterminant un bottom time de 18mn ou une remontée à 120 bars ne le fait pas pour plaisanter : les plongées sur épaves sont dites « carrées », c’est-à-dire que le temps d’immersion se déroule à la profondeur maximale. Ces profils impliquent une forte saturation en azote et imposent une attention toute particulière sur son manomètre pour ne pas tomber en panne sèche au palier.
Qui désire pénétrer l’épave veillera à correctement s’informer sur les paramètres conditionnant ce type d’exercice : sédiments au sol ? Orientation ? Fil d’ariane ? Bottom time et DTR ? La pénétration ne saurait s’improviser. Dans certains cas, d’ailleurs, il conviendra de passer un cours de spécialité. Ceci pour savourer… en toute sécurité !
Egypte
