Carnet de voyage
Réseau Dune

Entre les films de Noël et les contes du siècle dernier, il y a de quoi divertir toutes les générations à venir ! Mais, pour les plongeurs, le plaisir n'est jamais vraiment total, il manque toujours une petite touche ... iodée ...

Ni une, ni deux, nous vous proposons un conte de Noël 100% plongée ! 

Il était une fois deux enfants jouant sur une plage, les pieds dans l’eau. Leurs parents sommeillent non loin, alanguis sur le sable tiède, heureux de leurs escapades de snorkeling et de plongée. Quelle chance, pour la petite famille, de passer les fêtes de Noël dans ce coin de paradis du bout du monde, loin de la morsure de l’hiver ! 

Le petit garçon et sa sœur ne s’ennuient pas. A l’ombre d’un parasol, ils construisent un château, remplissent inlassablement ses douves d’eau de mer. Lorsque vient l’heure de décorer l’édifice éphémère, ils filent se baigner, méduses aux pieds, pour remonter des flots quelques merveilles. Leur plus belle trouvaille est un coquillage dodu et tarabiscoté, gros comme un gros poing, trouvé gisant sur le sable. Quand il était immergé, sa chair arborait de magnifiques couleurs. Hors de l’eau, il est un peu terne.  

Tandis que les enfants positionnent leur trésor à l’entrée du pont-levis, un grand bonhomme dégingandé arrive, salue les parents. Les petits reconnaissent immédiatement sa chevelure ébouriffée blondie par le soleil, et son rire jovial tonitruant : c’est le moniteur de plongée ! Celui-ci s’approche, observe la construction de sable.  

« C’est un joli château, que vous avez fait. En revanche, ce coquillage que vous avez remonté est encore vivant. Vous auriez dû le laisser là où vous l’avez trouvé. Normalement, il est fixé au récif, mais une ancre a dû l’arracher. Regardez, il est blessé ! ». 

Les enfants scrutent l’épaisse coquille et constatent qu’elle est endommagée, sacrément fendue et cabossée.  

« Le pauvre, il est bien abimé, observe le moniteur. Je vais l’appeler Miraculé » 

« Tu vas pouvoir le sauver ? » interrogent les petits, à la fois pleins d’espoir et sincèrement désolés.  

« Je ne sais pas, mais je vais essayer de le raffistoler » sourit le moniteur, qui repart avec le bivalve au petit trot. 

Les vacances se poursuivent, ainsi que les plongées. Quand vient l’heure de rentrer, la petite famille, fascinée par les fonds marins, se promet de revenir dans ce coin de paradis, un jour, tous ensemble, dans quelques années.  

La vie suit son cours, les années passent, mais l’idée de renouveler ces vacances fabuleuses n’est jamais complètement oubliée. Le frère et la sœur deviennent adolescents, puis adultes. Leurs parents, devenus papy et mamy, lancent un jour à la cantonade : « et si, pour fêter notre départ à la retraite, on partait tous ensemble en vacances ce Noël ? ».  

La proposition est adoptée : trois générations s’envolent, destination, le soleil. 

La plage est aussi belle que dans leurs souvenirs. Mieux encore, elle est désormais protégée : son récif, jadis élimé et malmené par les mouillages, est enrichi par une campagne de bouturage du corail, et un sentier sous-marin y a été aménagé par le centre de plongée. 

Les petits-enfants trépignent d’impatience à l’idée d’observer les poissons dont on leur a tant parlé. A peine le temps d’enfiler les maillots, de se munir de palmes, masque et de tuba, la famille se met à l’eau sans tarder. Elle observe les dizaines d’espèces multicolores, découvre leurs noms exotiques sur des pancartes illustrées, installées sous la surface : ange géographe, demoiselles, baliste Picasso, poisson papillon ou perroquet… et puis il y a le récif, et ses formes excentriques. « Acropora, ou corail tabulaire » dit une pancarte, « Millepora, ou corail de feu », dit une autre.  

Là, au milieu de cette forteresse de dentelle revitalisée par des années de bons soins, trône un magnifique bénitier, à la coquille étonnamment tarabiscotée. Le frère et la sœur manquent de boire la tasse lorsqu’ils lisent l’écriteau qui lui est consacré : « notre premier pensionnaire, Miraculé ». 

Par Jessica Engel