Dune mer Rouge : Le Carnatic fête le 154ème anniversaire de son naufrage rocambolesque
26/08/2021
Cette épave incontournable des itinéraires Nord de croisières plongée en Egypte ne s'inscrit pas dans un récit de guerre, mais témoigne de l'épopée maritime des commerciaux des temps passés
Nord de la mer Rouge, détroit de Gubal, sur la voie maritime du canal de Suez, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1869. Un navire marchand battant pavillon britannique fait route vers le sud – direction Bombay – dans une mer relativement calme, mu par la force du vent et la vapeur. À son bord, 230 passagers et membres d'équipage, ainsi qu'une lourde cargaison embarquée à Suez, composée de sacs postaux, de vin, de lingots... Tandis qu'à bord, tout ce petit monde sommeille, le bâtiment de 90m glisse insouciant sur les flots, et fonce droit sur le récif d'Abu Nuhas, qui affleure la surface. Réveillé in extremis aux prémices de la catastrophe, le capitaine tente une manœuvre d'évitement. Trop tard, le Carnatic, fleuron des échanges marchands de la route des Indes, heurte le récif corallien de plein fouet.
La coque se retrouve posée là, dans l'obscurité. Désormais bien réveillés, les membres d'équipage et les passagers s'organisent : ils commencent par se réfugier sur le tiers émergé du navire, puis oeuvrent à l'alléger, pour tenter de le dégager du récif. En dépit de ces efforts, qui les mobilisent jusqu'à la fin de la journée suivante, la tentative est veine : le Carnatic reste enquillé sur son promontoire. L'ambiance n'est sans doute pas au beau fixe mais la panique n'est pourtant pas de mise : le Sumatra, navire appartenant à la même compagnie maritime, remonte la mer Rouge et est attendu sous peu pour emprunter le canal de Suez. C'est dans l'espoir de ce sauvetage que les naufragés patientent, et s'apprêtent à passer une seconde nuit à bord, dans des conditions de confort sérieusement dégradées. Et voilà que la météo s'envenime. Le léger vent de Nord forcit, propulsant les vagues dans la cale moteur, noyant sa chaudière. Sentant sa bonne étoile, déjà vacillante, complètement le lâcher, le capitaine ordonne l'évacuation. Le pont craque, la coque se brise soudainement en deux, la poupe alourdie par le fret glisse et sombre, entraînant 27 personnes par le fond.
Accrochés à ce qu'ils trouvent, ou embarqués sur l'une des trois chaloupes restantes, les survivants parviennent à rallier l'île de Shadwan où le Sumatra finira par leur porter secours.
Durant un an, l'assureur de la compagnie maritime organisera des missions de récupération de la cargaison – argent, sac postaux et lingots de cuivre, avant que la poupe, seule partie émergée du Carnatic, ne soit à son tour engloutie et oubliée pendant cent ans.
Retrouvés dans les années 1970-80, datés et identifiés grâce aux vestiges découverts à bord, les deux segments de l'épave reposent aujourd'hui à proximité du Giannis D, et des plus confidentiels Kimon M. et Marcus.
Célébrant cette année les 152 ans de son naufrage, le Carnatic compte parmi les incontournables épaves de mer Rouge proposées par Dune, et en tout état de cause, s'impose comme la plus ancienne d'un quatuor de navires précipités vers le fond par les redoutables récifs affleurants d'Abu Nuhas.