Carnet de voyage
Méditerranée

Mythique, incontournable, magnifique. Si, en Méditerranée, une épave fait consensus parmi les plongeurs, c’est bien le Donator. Ce vestige sous-marin, gisant entre 35 et 51m de fond à un jet de pierre de l’île de Porquerolles, est un must-do absolu. Des centaines, des milliers de touristes subaquatiques, s’y immergent chaque année et en remontent conquis. « J’en ai entendu parler des dizaines de fois, toujours en des termes dithyrambiques, au point que je redoutais presque d’être déçue ! Comme lorsqu’on vous parle d’un film de façon si élogieuse qu’il vous fait finalement l’effet d’un pétard mouillé quand vous le voyez. Lorsque j’ai enfin pu plonger sur le Donator, j’ai compris », témoigne Elodie. « C’est indéniablement l’une des plus belles et des plus poissonneuses épaves sur laquelle j’ai plongé », conclut cette N3 expérimentée qui, depuis, ne tarit pas d’éloges sur ce somptueux site varois. « On souligne souvent que le Donator est une plongée difficile, voire périlleuse. Le plus grand danger de cette épave, ça n’est pas le courant, c’est sa beauté », précise un moniteur chevronné. Fasciné par ce spot, le plongeur est en effet tenté d’y passer plus de temps que de raison, au risque de prolonger ses paliers, voire de manquer d’air pour les respecter !

Un navire emporté par le fond par une mine dérivante

Cargo de 78m de long, le Donator a répondu, au cours de son histoire, de plusieurs patronymes. Le plus célèbre d’entre eux est « Prosper Shiaffino », du nom de son propriétaire, Charles Shiaffino. Il quitte les chantiers navals de Bergen, en Norvège, en 1931, et s’élance sur les mers du globe qu’il sillonnera des Antilles à la Corse en passant par l’Algérie. C’est en revenant de cette dernière, transportant une cargaison de vin, qu’il heurte une mine dérivante en frôlant Porquerolles, le 10 novembre 1945. Coupé en deux par l’explosion, il sombre rapidement dans les abysses, emportant avec lui cinq de ses marins.

Une épave cumulant intérêt historique et faune abondante

Bien des années plus tard, la faune méditerranéenne a investi la taule, profitant de ce récif artificiel pour prospérer. Certes, aujourd’hui, le mythique mât de l’épave s’est effondré. Cependant, les coursives, les cales, l’hélice de ce majestueux navire sont somptueusement enveloppés de gorgones et concrétionnés. Des nuées d’anthias et de sars à tête noire y résident, de même que des mérous, congres et autres murènes. Dans le bleu, il n’est pas rare d’observer la circonvolution des dentis, qui fondent avec avidité sur ce garde-manger extraordinairement fourni. Un spectacle dont les plongeurs les plus blasés ne sauraient se lasser ! Mieux, pour les amateurs, le non moins illustre « Grec » gît à proximité. Coulé dans les mêmes circonstances moins d’un mois après le Donator, ce navire offre aux plongeurs les plus exigeants une variante tout aussi fantastique, pour un week-end à thématique « épave » d’exception, assurément !