Minorque : La posidonie, or vert de la Méditerranée

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06/06/2022

Les prairies sous-marines que compose cette herbe fragile sont un véritable trésor à préserver, et à chérir durant la plongée !

Composant de vastes herbiers ponctuant les fonds de sable et de sédiment de la mer Méditerranée, elle forme des étendues sombres visibles depuis la surface, qui alimentent les fantasmes, les spéculations et parfois même les phobies des snorkelers débutants.  Une algue, la posidonie ? Que nenni. Une plante, une prairie, oui !

La Posidonia oceanica serait la descendante d’un végétal à fleurs présent sur le littoral, qui se serait progressivement adapté au milieu sous-marin il y a 60 millions d’années, grappillant son territoire aquatique à la faveur d’une croissance lente et fragile : ses rhizomes (son réseau de racines souterraines) croît à raison d’un centimètre par an, tandis que la surface de ses prairies ne s’étend que d’un mètre par siècle ! Désormais présente dans presque tout le bassin méditerranéen, où elle compte parmi les espèces endémiques, la posidonie est aussi précieuse que vulnérable. Précieuse, car elle est le lieu de vie et de nourrissage de nombreux animaux : outre la fameuse grande nacre, elle abrite notamment étoiles et concombres de mer, nudibranches, crustacés, seiches et poulpes, crénilabres, hippocampes, girelles, congres et autres serrans. Précieuse encore, car son réseau racinaire contribue à maintenir le substrat en place, même en cas de forte houle, préservant les côtes de l’érosion. Précieuse enfin, car à l’instar de toutes les plantes, la posidonie produit de l’oxygène et piège le carbone présent dans l’air. C’est de cette spécificité vertueuse qu’elle tire son surnom de « poumon de la Méditerranée » !

Les prairies de posidonie sont toutefois menacées par l’activité humaine. Un seul mouillage suffit à arracher de frêles touffes vertes qui mettront des années à se reconstituer. Le site posidonie.org relate qu’un ancrage peut à lui seul arracher jusqu’à 250 brins d’herbe... Pire encore, l’urbanisation galopante, l’héliotropisme et plus globalement l’activité humaine sur le littoral, favorisent le déversement de substances dangereuses pour la survie de l’espèce : outre les produits toxiques, les nappes de crème solaire ou encore d’eaux usées accentuent la turbidité de la mer, limitant la source de lumière nécessaire à la croissance de la plante, allant même jusqu’à l’étouffer.

Bien connus et très bien documentés, ces phénomènes néfastes font l’objet d’une mobilisation conjointe de la communauté scientifique, associative et citoyenne depuis quelques années. De vastes réserves marines se voient ainsi protégées, des zones de mouillage ou encore de pêche sont par exemple aménagées, afin de permettre à la précieuse posidonie de prospérer. C’est notamment le cas à Minorque, territoire auquel l’Unesco a décerné en 1993 le titre de réserve de la Biosphère. La protection des prairies de posidonies figure en bonne place parmi les engagements écologiques de la petite île. Ses 90 000 résidents sont en effet bien conscients que l’écosystème marin, de même que la limpidité de l’eau, doivent beaucoup à la présence de la Posidonia oceanica. Plonger sur les nombreux sites de la réserve, desservis quotidiennement par Dune Baléares, offre un aperçu des bienfaits de la protection de cette plante unique. La profusion de la faune, la clarté des flots, la beauté de ses paysages immergés, peuvent dire un grand merci aux herbiers de posidonie !

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