Interview - Anaïs, country manageuse
07/01/2021
"Chaque fois que je mets le détendeur en bouche, c'est la plus belle plongée qui démarre..."
Généreuse, fidèle, positive, mais aussi, parfois, exigeante, têtue et impulsive, Anaïs Lefrere a grandi les palmes aux pieds et dispose des qualités manifestes d’une bonne monitrice de plongée. Cette accro de fonds marins depuis le plus jeune âge a fait de ses passions pour le voyage et le monde subaquatique son métier. Membre historique de la grande famille Dune, elle devient aujourd’hui son « Country Manager ». Echange avec un sacré personnage.
Peux-tu nous parler de toi, de ton parcours, de ton lien avec la mer et la plongée ?
J'ai 32 ans tout juste, et je suis originaire de la région parisienne. Nous sommes une famille de plongeurs : mon grand-père paternel a réalisé son rêve dans les années 80 en montant un club de plongée à Sagone, en Corse, qu'il a ensuite déplacé sur Marseille. Il faisait de la croisière plongée en Méditerranée, sur un vieux langoustier réaménagé pour pouvoir accueillir les plongeurs. C'était plus que roots, mais c'était l'âge d'or de la plongée ! Mon papa, N4 (on disait deuxième échelon à l'époque), a fait le moniteur pour lui quelques étés. Et l'un de ces étés, ma maman, jeune plongeuse, est venue passer une semaine de vacances sur le bateau... Ils étaient jeunes, beaux, passionnés de la mer : ils se sont mariés un an plus tard, et ont eu trois enfants. Même si je suis la seule à en avoir fait mon métier, nous sommes tous des bulleux !
Dans quel contexte et à quel âge as-tu passé ton baptême?
Eh bien sur le bateau de Papi, forcément ! Je crois que mes premiers souvenirs de bulles, c'est quand Papa et Maman remontaient de plongée, Papa nous embarquait avec lui, détendeur dans le bec, juste sous la surface, les yeux grands ouverts ! Je devais avoir six ou sept ans... Mais mon premier diplôme officiel de baptême, que j'ai encore, c'est avec une monitrice de région parisienne, dans une piscine.
Quand as-tu su que tu voulais faire du voyage et de la plongée ton métier ?
Le voyage, je l'ai toujours su. Je suis passionnée de langues (j'ai une Licence LEA, avec une dernière année en Erasmus), et je savais que je voulais voir le monde. J'ai d'abord pensé au journalisme, j'ai fait mon stage de licence chez (feu) Plongée Mag, j'aurais rêvé de travailler pour Géo ou les grands magazines de voyages. Mais le timing était mauvais : la presse écrite, qui me faisait rêver, était en pleine mutation, on basculait vers la presse en ligne... Et un pote m'a dit "tu sais qu'avec PADI, tu peux devenir pro de la plongée en quelques mois ? Apparemment, il y a des stages au Mexique". J'ai fait mes bagages pour Playa del Carmen, et ça m'a emmenée pour plus de dix ans, partout autour du monde, en resort, sur des îles microscopiques, dans les hotspots de backpackers, sur les bateaux de croisière... Une vie de rêve.
Comment as-tu rejoint Dune ? As-tu un lien particulier avec cette société ?
J'ai fait chez Dune mes toutes premières plongées en mer tropicale. J'avais douze ans, et le club avec lequel on s'entraînait en piscine toute l'année organisait tous les deux ans un voyage "famille", ouvert à la section ado, à Safaga. On est partis en famille !
Des années plus tard, quand j'ai eu envie de m'essayer à la croisière j'ai recontacté Dune. J'avais gardé l'image d'un club à taille humaine, sécurisant sans être militaire, où on rigolait bien et où, surtout, les Egyptiens étaient traités avec autant d'égards que les touristes et les staffs français. Je n'ai pas été déçue en y retournant, cette fois de l'autre côté du rideau. J'y ai fait mes premières armes en croisière, entourée par une équipe bienveillante, et des équipages extraordinaires parmi lesquels j'ai encore aujourd'hui de vrais amis. J'ai aussi eu la chance immense d'ouvrir le Soudan avec eux en 2013. Je les ai quittés quelques années, pour découvrir d'autres horizons, mais j'ai toujours su que j'y reviendrais. Ça s'est fait en 2017, à nouveau en croisière. Puis la vie a fait que j'ai eu besoin de rentrer en France, poser les valises, et à nouveau Dune m'a dit : "tu as toujours ta place". Je suis à Marseille depuis un an, avec l'équipe dans les bureaux, j'y trouve les mêmes valeurs de respect, de bienveillance et de bonne humeur... et le même bonheur !
Tu deviens aujourd’hui « country manager ». En quoi cette fonction consiste-t-elle?
C'est un poste pivot et assez protéiforme. Mon premier travail, c'est de faire le lien entre nos destinations et les agences qui nous vendent, de réfléchir avec les différentes parties à nos stratégies commerciales (promos, exclusivités...). Du commerce donc. Mais c'est aussi, et de plus en plus, d'aller nous présenter et, on l'espère, implanter, sur d'autres marchés que celui, historique, des plongeurs francophones. D'aller chercher de nouveaux partenaires, de réfléchir au Dune de demain, les activités et voyages que l'on a envie d'offrir aux plongeurs (on développe par exemple les séjours multi-activités, ou accessibles aux plus jeunes, l'apnée, le snorkeling...). C'est à la fois créatif, très concret et stimulant : il faut imaginer le futur plongeur, ses envies, ses exigences (on pense de plus en plus à l'environnement par exemple !).
Qu’entends-tu y apporter de toi? Souhaites-tu travailler dans la continuité d'Eléonore que tu remplaces à ce poste ?
Il se trouve que Lelo est une amie, avec qui nous sommes sur la même longueur d'onde. Donc oui, continuité bien sûr sur les missions qui étaient déjà les siennes. Mais le poste évolue, et j'ai une liberté de mouvements immense. J'espère y apporter ma connaissance de beaucoup des métiers qui existent dans notre réseau : j'ai été monitrice, responsable de centre aux Maldives (pas pour Dune), puis en rentrant à Marseille conseillère vendeuse pour notre TO, j'ai ensuite rejoint le service de production... J'ai donc en tête un kaléidoscope des besoins des uns et des autres, et j'espère que cela m'aidera à articuler les relations de tous nos acteurs, savoir répondre à leurs attentes, être juste et cohérente dans mon travail avec eux. Dune prend également un virage vers plus de respect de l'environnement, d'attention à notre impact. Je suis fière de travailler pour une entreprise qui prend cela en compte, c'est quelque chose qui me tient à cœur, et que je souhaite donc faire peser dans les décisions prises avec nos partenaires.
Ton plus beau souvenir de plongée ?
Un seul ?? Quel dilemme... Alors ce sera une plongée profonde en Polynésie, dans la passe de Tiputa, où cinq ou six grands marteaux (mokarran), normalement assez farouches, sont venus nous voir de tout près, alors qu'on était accrochés au fond de la passe dans un courant fou. Quand on a lâché, les mantas nous attendaient à l'intérieur de la passe, et on a pu faire nos paliers dans l'aquarium, à l'intérieur du lagon. Mais en réalité, je dirais aussi les requins longimanus de Mer Rouge, un feu d'artifice de dauphins aux Maldives, mon premier mola cet été en Méditerranée. Ou juste une belle patate de corail grouillante de vie. Chaque fois que je mets le détendeur en bouche, c'est la plus belle plongée qui démarre...
Ta prochaine destination de plongée ?
En vrai ou fantasmée ? En vrai, probablement les Maldives, ou la Mer Rouge, pour présenter nos bateaux à un potentiel partenaire. En rêve ? Un jour, quand je serai grande, j'irai plonger aux Revillagegidos : Soccoro, Roca Partida... Rien que les noms donnent le frisson.
Ta devise ou ton proverbe préféré ?
"I never lose. I either win or learn." Ce n'est pas original, c'est une citation plus que célèbre de Nelson Mandela, mais que je trouve tellement encourageante et porteuse...