Et si le paradis était en fait sur le pas de notre porte ?  Dans sa quête effrénée de sites légendaires autour du globe, le plongeur a tôt fait d’oublier que notre littoral regorge de fonds fabuleux. Qu’il s’agisse de tombants, de secs ou d’épaves, ces spots n’ont rien à envier à ceux des mers coralliennes, tant par leurs reliefs que par leur abondance de faune. Chauvinisme oblige, nous allons nous pencher sur cinq de ces trésors situés en Méditerranée, à (re)découvrir au printemps.

Les Impériaux : un site en majesté

Ce spot trois-en-un se situe dans l’archipel de Riou, au cœur du Parc national des Calanques. Accessible en quelques minutes de bateau depuis Marseille, il accueille les plongeurs quelle que soit leur certification : les débutants arpenteront l’impérial de terre, les confirmés celui du large, tandis que l’impérial du milieu sera fréquenté par tous, à différents niveaux de profondeur. Ce trio « royal » par sa beauté, tient son sobriquet de l’îlot qui le coiffe. Dans un paysage minéral où virevoltent cormorans et goélands, un gros rocher émerge côté large, hérissé de crêtes qui rappellent vaguement la forme d’une couronne. Il n’en fallait pas plus aux Marseillais pour baptiser le site, et force est d’admettre qu’il est bien nommé ! Sous l’eau, dans un méandre de reliefs très variés (tunnels, canyons, tombants…) on y trouve un échantillonnage spectaculaire de faune de Méditerranée. Sars à tête noire, saupes, mérous, barbiers, castagnoles, anchois, font partie du paysage. Nichés dans les anfractuosités, cachés par d’opulentes gorgones rouges et caméléon, les langoustes succèdent aux ophiures, les murènes aux poulpes. Et dans le bleu, comme on dit à Marseille, « c’est festival ! ». Il convient toujours de penser à y jeter un œil, puisque gravitent dans le secteur barracudas, dentis et autres bonites, sous le regard indifférent et placide des sars tambour. Exceptionnel !

Les Moyades : un must

Non loin, toujours dans l’archipel de Riou, vous ne devrez en aucun cas manquer le site célébrissime des Moyades. Sa réputation le précède, et les plongeurs du monde entier s’y pressent pour l’admirer. Ses reliefs sont certes moins fantastiques que ceux des impériaux, mais la faune vous fera vite oublier ses gorgones un peu défraîchies. Si vous rêvez de voir d’énormes mérous au point d’arrêter de les compter, c’est là qu’il faut plonger ! Notez que l’on y croise également des barracudas par bancs entiers, des dentis, mais aussi des corbs, ces poissons aussi rares qu’élégants. Un régal pour les yeux, de même que la visite fugace d’une badèche, discrète cousine du mérou brun, que nous avons eu la chance de croiser sur ce site incontournable.

Le Chaouen et ses variantes

Ce cargo s’est échoué sur l’île de Planier au large de Marseille, en 1970. A l’époque, son chargement de 640 tonnes d’oranges en provenance de Casablanca a fait la joie des habitants, tandis qu’aujourd’hui, son épave, accessible dès le niveau 1, fait le bonheur des plongeurs. Site mythique de la cité phocéenne s’il en est, ce spot affleure la surface et offre l’opportunité de réaliser des plongées très ludiques sur un vestige immergé : dès six mètres de fond, sa silhouette se dessine dans le bleu. Le navire, en excellent état de conservation, est couché sur le flanc. On longe son pont et peut aisément distinguer toutes ses infrastructures, notamment l’hélice, ses mats, son gouvernail. L’on peut même s’essayer à des pénétrations, au niveau des cales, du carré et de la salle des machines, sous le regard circonspect des dentis. Sur le chemin du retour, on ne manquera pas de faire un stop sur le joli petit tombant qui jouxte le navire… et a contribué à l’envoyer par le fond.

Les plongeurs autonomes mettront à profit leur immersion sous les jupes de l’île de Planier pour s’immerger sur une seconde épave. Cette fois-ci, il s’agit d’un avion, le célèbre Messerschmitt, qui git par 45m de fond depuis 1944. Son pilote a quant à lui survécu à son amerrissage forcé.

Le Liban et les Pharillons

Les passagers du Liban n’ont, hélas, pas eu la même chance. Une fin de matinée de juin 1903, leur navire est heurté par un autre bateau, l’Insulaire. Tandis que ce dernier parvient tant bien que mal à rallier la Joliette, le naufrage est inéluctable pour le Liban, mais son capitaine tente tout de même une manœuvre désespérée : un échouage sur l’île Maïre. Sans succès. Une centaine de personnes perd la vie lors de cette catastrophe maritime, dont témoignent encore les vestiges du paquebot de 90m, en dépit des dommages causés par le temps et la colonisation de la flore et de la faune. A proximité immédiate de l’épave, un paysage sous-marin magnifique attend le plongeur, dès le niveau 1. Deux arches rocheuses monumentales forment le site des Pharillons. Les franchir vers le large, dans le bleu profond, permet d’atteindre un tombant splendide buissonnant d’immenses gorgones rouges. Mémorable… et très poissonneux.

… Et les autres !

Pour ce cinquième et dernier point, nous pourrions évoquer la Pointe de Caramassaigne, l’extraordinaire Pierre à Cassis, les mystères du Grand Congloué, les Arches de Plane, les spots plus méconnus du Frioul, les épaves profondes, à l’instar de la Drôme ou du Ker Bihan… Nous pourrions aussi nous tourner vers le Var, vous vanter les beautés incontournables de la Gabinière, du Grec, du Rubis, du Togo ou du Donator… Mais le mieux est encore de venir découvrir par vous-même les sites innombrables de Méditerranée, et de choisir celui que VOUS voudrez ajouter à ce best-of !