Carnet de voyage
Mer Rouge

À sa sortie des chantiers navals allemands, l'Umbria portait encore le nom de Bahia Blanca. Ce n'est qu'en 1935, après avoir sillonné l'océan Atlantique entre l'Allemagne et l'Argentine, que ce navire de 153 mètres fut rebaptisé, par ses propriétaires italiens. Bahia Blanca prend la première fois la mer à Hambourg, en 1911. A son bord, du fret et des passagers. Près de 30 ans plus tard, l'Umbria entreprend son dernier voyage. Nous sommes en juin 1940. En Italie, la Seconde Guerre mondiale n'est pas encore déclarée. L'Umbria transporte dans ses cales un chargement impressionnant.   Des bombes, des matériaux de construction, du charbon et de l'eau, au total : 8600 tonnes de fret. Le 10 juin, il fait escale sur le récif de Wingate, au nord de Port Soudan, sur sa route vers Massaoua, Aden, puis Calcutta. À ses côtés, un navire de la Royal New Zealand Navy. Par pur hasard, le capitaine de l'Umbria apprend en écoutant la radio que la guerre sera déclarée le soir même, à 19 heures, entre le Royaume d'Angleterre et son pays. Faisant des Néo-zélandais ses ennemis officiels. Afin d'éviter que sa cargaison ne soit saisie, le capitaine prend la décision de saborder son navire. Pour sauver ses marins, il prétexte un exercice de sauvetage. Si le naufrage fit des prisonniers, il n'y eut à déplorer aucune victime. Aujourd'hui, le géant légendaire repose, intact ou presque, sur les fonds soudanais. L'Umbria a le ventre encore plein de sa cargaison, qui ne tomba jamais entre les mains de l'ennemi. La faune en a fait son royaume, transformant l'Umbria en une épave extraordinaire, dont le passé l'est au moins tout autant. Crédits Photos : Amar Guillen