...sa relative proximité.
Nous pensons donc tout savoir d’elle, mais jusqu’à quel point connaissons-nous ses petits secrets ?

Elle qui est si bleue, d’où tient-elle ce nom curieux ?

Commençons par une question facile, histoire de nous échauffer. Le sujet a largement été couvert par de nombreux médias, que ce secret de Polichinelle a inspirés. La mer Rouge tirerait son nom du latin Mare Rubrum et surtout du grec Erythra Thalassa. Erythra aurait été adopté en l’honneur du roi Erythrus, qui régnait à l’époque sur la région. Or, en grec, Erythros signifie « rouge » ! D’aucuns s’accordent pour justifier du choix de cette couleur par la présence saisonnière de cyanobactéries (Trichodesmium erythraeum et Oscillatoria erythraeum) en mer Rouge. Lorsqu’elles meurent, ces micro-algues teintent la surface de reflets rougeoyants.

Quelle est la particularité de son époustouflante biodiversité ?

Au doigt mouillé, la mer Rouge compte quelque 1200 espèces de poissons, et 250 de coraux. C’est loin derrière le « Triangle de corail », dans le Pacifique, qui représente 1 % de la surface planétaire mais concentre à lui seul 35 % des espèces de poissons récifaux et 76 % des coraux. Face à ce record spectaculaire, la mer Rouge peut tout de même se targuer de compter 17 % d’espèces de poissons et 8 % de coraux endémiques. Pas si mal !

Pourquoi la mer Rouge compte-t-elle autant de sites de plongée ?

... Pour la même raison qu’elle compte d’innombrables hauts-fonds, sur lesquels les navires auraient tôt fait de s’échouer si leurs capitaines ne pouvaient pas compter sur leurs précieux GPS marins. La mer Rouge est tout simplement... assez peu profonde. Certes, elle plonge tout de même jusqu’à -3040m à son point le plus bas. Mais en moyenne, elle atteint « seulement » -500m. Mieux encore, 40 % de son territoire est situé dans les -100m et un quart à seulement -50m ! À titre de comparaison, la Méditerranée enregistre quant à elle une profondeur maximale de -5369m et moyenne de -1500m !

Quelles sont les raisons pour lesquelles je dois davantage me lester ?

Si vous n’avez pas la réponse à cette question, c’est que vous n’avez pas lu l’article que nous avons récemment consacré à ce sujet ! En voici donc un résumé. Relativement enclavée dans un territoire aride, peu irriguée par l’eau douce des fleuves, soumise à d’intenses chaleurs et donc, à l’évaporation, la mer Rouge est la plus salée des mers ouvertes du globe. Cette forte salinité accroît la poussée d’Archimède et donc, notre flottabilité. Ce phénomène est accentué par un petit détail qui a toute son importance lorsqu’il s’agit de savoir de combien de plombs se lester : tandis qu’en France, nous plongeons avec des blocs acier, l’Egypte a adopté les bouteilles alu, autrement plus légères. Ces deux facteurs combinés imposent de charger sa ceinture de 50 % supplémentaires environ.

Est-il exact que de mer, elle pourrait devenir océan ?

Absolument ! Quoique même si nous égalons la longévité de Jeanne Calment, nous ne vivrons pas assez longtemps pour le voir de nos propres yeux... De par son positionnement géographique, la mer Rouge est en effet une mer intercontinentale : elle est née de la séparation de deux plaques tectoniques, l’Arabie et l’Afrique. Or, ces deux plaques continuent, aujourd’hui encore, de s’éloigner l’une de l’autre. En témoigne une intense activité volcanique dans ses abysses, qui se poursuit en surface tout au Sud, dans l’Afar (près de Djibouti), point de départ du grand rift Est-Africain. Ce dernier s’étend en trois branches jusqu’au golfe du Mozambique et pourrait, lentement mais sûrement, à raison de 7mm par an, composer un nouvel océan... d’ici quelques dizaines de millions d’années.